Mais qui osera dire dans les entreprises que le manager doit être gentil ; j’imagine se lever devant moi un vent de nostalgiques au management à la dure : ce ne sont que les méchants qui gagnent !

Pour ceux-là, dire que le manager doit être gentil est une faiblesse qui ne peut être acceptée, et le cadre qui s’aventurerait à avancer l’idée, serait destitué de ses fonctions rapidement.

Se remettre en cause n’est pas dans la culture française, et pourtant, il faut changer de paradigme et faire en sorte que ce dernier serve les clients, les salariés et l’entreprise.

Cette phrase que je vous cite devrait raisonner dans le cœur des managers : « il faut attacher autant d’importance à ses salariés qu’à ses clients ».

Voilà déjà un changement de paradigme qui n’est pas dans les habitudes managériales, et qui devrait faire réfléchir ceux qui n’ont pas compris que le patrimoine d’une entreprise, ce sont les hommes et les femmes qui composent le corps social.

La triade client, salarié, entreprise, représente les trois acteurs indissociables. Bien souvent dans notre culture, nous avons tendance à les isoler, considérer l’entreprise comme indispensable et avoir tous les droits, le client devant payer le travail ou le service rendu et le salarié, exécuter une tâche pour laquelle il est payé. Les choses sont bien plus compliquées que cela, et la gentillesse qui fait partie du savoir-être œuvre pour réconcilier les trois acteurs dans une logique gagnant/gagnant.

Les entreprises souffrent d’absences récurrentes, de manque d’engagement, de motivation, d’innovation d’une partie de son personnel.

Les salariés ne se sentent pas reconnus, ne voient pas le sens de leur travail, ne se sentent pas acteurs, ne font pas confiance à leur hiérarchie.

Les clients ont parfois l’impression d’être des numéros, de ne pas avoir le service qui correspond à leurs attentes, de ne pas être écoutés, de ne pas payer le juste prix.

Malgré ce constat qui n’est ni provocateur ni exagéré, ce paradigme reste accroché à la manière de diriger et de manager dans le privé comme dans le public. Il est l’expression de la faiblesse de celui qui en use, par besoin de  compenser d’une manière autoritaire, l’absence de leadership nécessaire aux fonctions de manager.

La peur de perdre la main sur le service, l’équipe, et la culture bien française du chef qui a raison et décide plutôt sans concertation pour affirmer son pouvoir, ne peuvent que provoquer du mal-être, des résultats commerciaux et sociaux médiocres.

Je sais en écrivant ces lignes que des gens se reconnaissent dans ces situations, mais ils préfèrent dire :

  • ils ne sont pas motivés,
  • je ne sais pas ce qu’il faudrait leur donner pour qu’ils travaillent davantage ,
  • je ferais mieux de rester à la maison que de m’occuper d’eux,
  • je ne suis pas suffisamment dur avec eux,
  • quoi que je fasse, ils sont insatisfaits…

Qui prend du recul et se pose les bonnes questions :

  • est-ce que je suis gentil avec mes collaborateurs,
  • est-ce que j’écoute mon équipe,
  • est-ce que je communique correctement,
  • est-ce que je reconnais le travail bien fait et que je l’encourage,
  • est-ce que je donne du sens au travail de mes collaborateurs,
  • est-ce que je suis loyal,
  • est-ce que je  rends mes collaborateurs acteurs

Le changement de paradigme ne peut être mis de côté, alors qu’aujourd’hui quatre générations (baby-boomers,X,Y,Z) se côtoient dans le privé comme dans le public et elles n’ont rien de commun.

La gentillesse, puisque c’est l’objet de l’article, est comme l’huile dans les rouages, elle permet plus de souplesse, d’écoute, de bien-être au travail.

Elle est le liant qui permet de poser les fondations pour bâtir un management humain, qui associera la performance financière, commerciale et sociale.

Cela ne veut pas dire que le manager gentil sera naïf ou faible, bien au contraire, il sera reconnu par cette qualité rarissime dans le monde du travail et sa fermeté sera acceptée et même demandée.

Les entreprises qui s’engagent dans un changement de paradigme investissent dans le management en formant les managers à une autre façon de faire faire, d’aborder les relations humaines. Il ne s’agit pas de ressources humaines, mais bien de relations humaines !

Le philosophe et écrivain français Emmanuel JAFFELIN vient d’écrire un livre que je n’ai pas encore lu, et qui s’intitule : Éloge de la gentillesse en entreprise. Il dit clairement que la gentillesse longtemps assimilée à la faiblesse, la naïveté, signifie la noblesse et est donc une vertu adossée à la morale. Une morale postmoderne qui provoque de la bonne humeur et du pouvoir : le pouvoir d’être gentil, comme rendre service à un salarié qui en a besoin et qui le mérite.

Mais aussi le pouvoir de la bonne humeur qui ne peut qu’améliorer les relations humaines et développer le bien-être au travail.

Pour E JAFFELIN, le gentil a trois yeux : les deux, plus  celui du cœur.

Je vous invite à mettre un commentaire sous l’article et à me poser d’éventuelles questions auxquelles je ne manquerai pas de répondre.

                                                                                                                                                                                                                                                                      Alain MESTRE

3 Commentaires

  1. Mustapha septembre 21, 2015 at 2:00 - Répondre

    Je partage entièrement cette vision de management !! Le manager gentille et ferme construit à long terme !! C’est dont les entreprises ont besoin dans ces temps de crises .
    Amicalement

    • Mustapha septembre 21, 2015 at 2:01 - Répondre

      Mustapha septembre 21, 2015 à 2:00 – Reply
      Je partage entièrement cette vision de management !! Le manager gentil et ferme construit à long terme !! C’est dont les entreprises ont besoin dans ces temps de crises .
      Amicalement

  2. LeBonManager novembre 27, 2016 at 2:31 - Répondre

    Le manager gentil est effectivement plus efficace car il construit son équipe sur le long terme.
    De même, une étude Google a montré qu’être gentil permet d’être plus performant dans les entreprises. C’est donc prouvé !
    Soyons gentils et bienveillants.

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