Les sociétés occidentales ont bâti la réussite et le bonheur des êtres humains sur l’extérieur. Mais force est de constater que ce bonheur et ce genre de réussite ne comblent pas tout le monde, car il n’y a jamais eu autant de suicides, de meurtres, de divorces, de maladies psychologiques, d’arrêts de travail qu’à l’époque où j’écris cet article.

J’ai côtoyé et rencontré beaucoup de monde dans les entreprises, les hôpitaux, les services publics, dans mes activités de manager et de consultant. Certains avaient très bien réussi leur vie professionnelle. Pour la plupart d’entre eux, il leur manquait quelque chose qu’ils ne savaient pas traduire, mais qui provoquait une dysharmonie intérieure.

Voici quelques remarques qui reviennent de manière récurrente, dans tous les établissements :

J’ai fait une carrière en solo, ma femme est restée à la maison, pour s’occuper des enfants. Je partais pour Paris le dimanche soir, et je retournais chez moi en province dans la nuit de jeudi à vendredi. J’ai fait beaucoup de sacrifice, mes deux enfants ont dû en souffrir, car je ne les ai pas vus grandir. Ils ont un travail précaire, et dernièrement ils m’ont reproché que je ne m’étais jamais intéressé à eux !

Je divorce pour la troisième fois. Je crois que les femmes de maintenant ne supportent plus rien. Pourtant, je ne sors pas, je ne fume pas, je ne bois pas, et en plus je travaille jusqu’à trois heures du matin.

J’ai suivi de nombreuses formations de management. J’ai tout fait avec mes collaborateurs pour que cela se passe bien. Mais je ne ressens aucun engagement de leur part, aucune reconnaissance à mon égard. Lorsque je suis en congé, ils ne travaillent pas. Je suis désespéré de leur manque de motivation, comment pourrais-je faire pour qu’ils viennent au travail avec l’envie.

Je ne m’en sors pas, j’ai beaucoup de travail, j’ai le sentiment de ne pas avancer. Dès que j’ai presque achevé un chantier, une nouvelle affaire m’est attribuée, je suis celui que l’on sollicite en permanence. Je me sens stressé, oppressé, et lorsque je le dis à mon responsable, il me dit que je ne sais pas m’organiser. Il m’a inscrit à des formations sur la gestion du temps, mais rien n’y fait ! Le soir, je rentre à la maison, je suis harassé. Je me mets sur le canapé et je m’endors aussitôt.

Ma fille de dix-sept ans est partie de la maison, elle ne travaille pas et a de mauvaises fréquentations. Ma femme en est malade, elle a peur pour notre fille. J’ai tout tenté pour la tirer de là, un psychologue l’a suivi pendant plusieurs mois, mais rien n’y fait !

J’ai réussi professionnellement, mais je pense malgré tout que ma vie est un échec. Ma femme m’a quitté, je ne vois plus mes enfants et je ne connais pas mes petits-enfants.

Ces problèmes que j’entends régulièrement ne doivent pas vous être méconnus, ils doivent faire écho avec du vécu.

Notre vision du monde, la lecture que nous en avons à travers notre propre carte, nous donne une fausse réalité du territoire : il y a ce que nous interprétons et la réalité qui est tout autre !

Cette distorsion que nous avons de la réalité pose de sérieux problèmes d’appréciation, qui ont des conséquences sur nos relations humaines au travail, comme avec notre famille ou les gens dans la vie. Sans une prise de conscience forte et un véritable travail sur soi, il est difficile de se défaire de ce que l’on appelle le « complexe de pygmalion ». Ce complexe est le fait que l’on voit une personne à travers notre propre filtre, et que l’on veut la former à notre idée, ne lui laissant aucune possibilité de s’exprimer, d’être autonome. De ce fait, on bloque son potentiel et on l’empêche d’évoluer.

C’est ce qui se passe souvent en management ou avec nos enfants, en voulant que nos collaborateurs ou nos enfants soient à notre image, c’est-à-dire comme notre filtre nous l’impose.

En fait, nous avons tous ce complexe, mais il est plus ou moins important selon le travail que nous avons engagé sur nous-mêmes et les victoires intérieures que nous avons remportées contre nos préjugés, nos croyances, notre ego.

Pour trouver l’équilibre entre notre vie professionnelle et privée, pour réussir sa vie, il faut commencer par se connaître soi-même, afin de gagner des victoires intérieures et faire tomber les murs qui nous emprisonnent dans un pilotage automatique à conséquences négatives.

C’est par ce travail que nous allons modifier notre filtre, qui décrira une carte, la vision du monde, plus proche de la réalité, et permettra ainsi de construire de meilleures relations professionnelles. Nos collaborateurs trouveront du changement et cette fois, ils pourront s’exprimer en fonction de ce qu’ils sont et de ce que nous nous sommes. C’est par ce biais que l’on construit des équipes engagées, capables de se dépasser, de travailler en synergie. Voilà ce que c’est que les victoires extérieures, celles qui ont incontestablement besoin au préalable de victoires intérieures, c’est-à-dire d’une remise en cause et un travail sur soi des acteurs de l’entreprise.

Pour s’engager dans une démarche de progrès qui à coup sûr conduit à une réussite globale, travail et vie privée, il faut plonger au plus profond de soi-même à la recherche de ce que l’on est réellement.

Le développement professionnel passe nécessairement, par un développement personnel, ce n’est malheureusement pas le cas dans de nombreuses entreprises, où l’ego règne en maître.

Aussi, les résultats sont là, ils sont têtus comme les faits, ils ont des conséquences dévastatrices, mais nous persistons dans l’erreur.

Alors, pour le mois d’août, je vous propose de prendre du recul, de vous faire une promesse qui serait d’engager un travail sur vous, pour que votre vision du monde soit plus proche de la réalité et non le résultat de ce que vous êtes.

Je vous invite à mettre un commentaire sous l’article et à me poser d’éventuelles questions auxquelles je ne manquerai pas de répondre.

Alain MESTRE

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