Recherche de l’efficacité par le management humain

L’équation management humain et efficacité paraît difficile à résoudre. Les entreprises pour un bon nombre ne cherchent pas à s’aventurer dans le management humain, et parlent plus facilement de productivité que d’efficacité.

Je m’élève fortement contre la pratique qui consiste à augmenter la productivité pour être compétitif. Lorsque je forme les managers ou que j’interviens dans une entreprise, un service public ou une collectivité je mets l’accent sur les vertus du management humain.

Celui qui est fondé sur des principes universels, des valeurs que nous partageons tous, mais que beaucoup laissent à la porte de l’entreprise.

La productivité n’est pas le meilleur levier. Certes cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas produire, mais qu’il faut veiller à ménager le capital le plus précieux de l’entreprise : « l’être humain. »

Si on demande à l’être humain de produire plus que ce qu’il est en capacité de produire pour qu’il soit efficace, alors les effets sont contraires. La qualité se dégrade, la motivation baisse, la confiance s’éloigne, l’engagement disparaît, l’innovation est absente, les arrêts de travail augmentent, la fatigue guette les plus vulnérables.

Le coût engendré par l’ensemble de ces dégradations est supérieur au gain réalisé par l’augmentation des cadences et de la productivité.

Le résultat est cinglant: l’entreprise n’est pas compétitive, le climat social y est délétère.

L’entreprise a voulu imposer un gagnant/perdant et voici qu’elle récolte un perdant/perdant.

Mais qui osera changer de cap et mettre l’humain au cœur de l’entreprise ?

Certains managers courageux, conscients que le capital le plus précieux doit être préservé. Ils s’y emploient en mettant toute leur énergie dans le savoir-être et le savoir-faire nécessaire au développement du potentiel de leurs collaborateurs et à l’efficacité de l’entreprise.

C’est par ce biais qu’ils abandonnent le « miroir social » très mal utilisé par ceux qui managent par la terreur, le harcèlement, l’humiliation.

Le « miroir social » rend les salariés tributaires de ce que les managers leur renvoient. Ils se voient comme dans un miroir déformant, qui bien souvent les accable de maux parce qu’ils ne produisent pas suffisamment ou que leur responsable est sous pression et les culpabilise.

Ce comportement inacceptable change le paradigme des salariés soumis à ce genre de management. Ils ont la vision des choses, du travail, de l’entreprise, de la méritocratie qui est profondément affectée.

Ils ne sont plus en possession de l’ensemble de leurs moyens et perdent en efficacité.

Ils limitent considérablement leur potentiel personnel et leurs capacités de communication. Ils sont comme des automates fatigués qui fonctionnent par réflexe conditionné. Ils sont « réactifs » et non « proactifs ».

Ils soumettent leurs décisions, leur avenir, au bon vouloir des autres qui décident à leur place et les empêchent de s’épanouir, d’innover, de s’engager pour que l’entreprise devienne un immense terrain d’entente plutôt que le théâtre d’un combat.

Les directions que prennent ces entreprises de manière consciente ou non  sont suicidaires.

Mais heureusement qu’il y des managers humains, qui donnent d’autres directions aux entreprises et aux salariés qui y travaillent. Ils cherchent la synergie plutôt que les divisions et de ce fait sont plus efficaces que leurs collègues qui ont choisi la manière dure de manager.

Le manager humain n’est pas pour autant faible, il est ferme, responsable, respectueux, courageux, honnête, impartial, reconnaissant et il inspire la confiance.

Il a bâti son style de management sur des principes universels qui libèrent les salariés. Il a développé ce qu’on appelle « l’intelligence émotionnelle » qui améliore le savoir-être et le savoir-faire. L’intelligence émotionnelle (QE) ne s’apprend pas à l’école de la république mais dans celle de la vie. Il n’y a pas d’âge pour l’acquérir, il faut simplement trois choses que nous avons tous, et qui pourtant sont souvent enfouies au tréfonds de nous-mêmes :

  • la conscience de soi, de notre singularité ;
  • la conscience qu’on vit dans un monde et des environnements qu’on peut changer ;
  • la volonté indépendante d’agir et de changer.

C’est par cette voie que passe l’efficacité du management humain ; celle qui donne à l’homme la liberté de choisir. Bien sûr, nous sommes dans le monde du travail où il faut être efficace pour être compétitif, personne ne le conteste et c’est sur ces bases qu’il faut construire le management universel, celui qui ne s’érode pas avec le temps.

Je vous invite à mettre un commentaire sous l’article et à me poser d’éventuelles questions auxquelles je ne manquerai pas de répondre.

                                                                                                                                                                                                                                               Alain MESTRE

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