Nombreux sont les dirigeants, les managers de tous niveaux qui disent: il faut donner du sens au travail.

Derrière cette phrase qui fait partie du répertoire des managers et qui revient régulièrement dans les discours, il est nécessaire d’y mettre de la matière, de la consistance.

Posez-vous la question de ce que vous mettez derrière cette phrase, et comment vous allez expliquer à vos collaborateurs ce que cela veut dire concrètement dans leur quotidien.

Vous avez probablement entendu un de vos collaborateurs dire: à quoi ça sert ce que je fais?

Cette question que chacun se pose à un moment ou à un autre de sa carrière, reste bien souvent sans réponse, et pourtant elle est d’autant plus importante qu’elle est d’actualité.

Les entreprises imposent une pression sur les objectifs, la réactivité, la performance, la mobilité, la disponibilité…

Le changement est devenu la seule chose constante dans notre société et dans le monde de l’entreprise.

Cette situation s’applique dans tous les domaines du travail. Les organisations sont faites, défaites et refaites, les objectifs atteints précèdent d’autres plus importants, les ordres et les contrordres se succèdent, les réductions d’effectif sont croissantes, les coupes budgétaires s’accélèrent…

Dans cette fuite en avant, les salariés cherchent où sont leurs intérêts et ce qu’ils gagnent à s’investir davantage. La recherche permanente du plus conduit les entreprises à être déshumanisante.

Le danger qui guette les entreprises est la défiance. Elle s’installe durablement vis-à-vis de la direction et, les salariés n’y croient plus et se disent: à quoi bon s’investir autant?

Le manager se trouve dans une solitude dangereuse, car il a peu de marge de manœuvre pour changer cette situation, alors que l’entreprise attend de lui qu’il fasse encore plus.

Il est pressé par le haut pour atteindre ses objectifs voire les dépasser et par le bas car ses collaborateurs n’y croient plus, baissent les bras, se désengagent.

Heureusement cette situation n’est pas dans toutes les entreprises, mais celles qui vivent ce genre d’ambiance doivent impérativement se ressaisir au risque de voir l’absentéisme augmenter, la performance baisser, les risques psychosociaux s’installer durablement.

L’entreprise doit afficher clairement ce qu’elle est capable de donner à ses salariés en échange du travail, de l’engagement, de la disponibilité qu’ils lui offrent.

Le manager doit prendre du recul et être innovant pour que le véritable sens du travail prenne sa place.

Il doit: éloigner la compétition interne et créer une véritable synergie d’équipe, mettre en perspective la contribution de tous à un objectif commun, expliquer et favoriser l’interdépendance, aider ses collaborateurs à développer leur maturité  et à passer du statut d’exécutant à celui d’acteur de l’entreprise.

Le sens n’est pas que dans le discours, il est dans l’action, c’est ce que j’appelle: mettre de la matière.

C’est par le comportement et l’action des managers que leurs collaborateurs comprendront le sens de leur travail.

Les managers doivent avoir et montrer leurs marges de manœuvre, sinon à quoi servent-ils?

Ils ne peuvent se contenter de dire: nous ne pouvons faire autrement!

Dans ce cas, ils se montrent résignés à appliquer sans pouvoir agir et de fait réduisent leur crédibilité vis-à-vis de leurs collaborateurs.

Il est donc important pour donner du sens que les managers assument leurs choix et les expliquent. Ceci est d’autant plus vrai aujourd’hui compte tenu des difficultés que traverse le monde du travail.

Même si les managers non dirigeants ne sont pas amenés à prendre des décisions stratégiques, ils restent néanmoins des relais de la direction et doivent avoir un discours clair, montrant qu’ils portent et incarnent les messages de la direction.

Pour que les messages soient porteurs de sens ils doivent être accompagnés d’actions concrètes sur le terrain. Dans le cas contraire, ils ne feraient que desservir les   managers et les discréditer.

L’exemplarité du manager fait partie des comportements qui confortent le sens. Si un chef de service dit qu’il faut être mesuré lorsque après une réunion les participants vont déjeuner au restaurant et que lui lorsqu’il organise une réunion il va dans des restaurants gastronomiques, alors son discours perd tout son sens et il se discrédite.

Trop de personnes, y compris des managers ont des comportements  incohérents par rapport à leurs discours: faites ce que je dis et pas ce que je fais.

Je suis désoler de rappeler ce qui peut paraître désuet, mais qui pourtant fait partie d’une valeur managériale qui traverse le temps sans se dégrader.

Il est bien évident qu’il ne s’agit pas que les managers soient parfaits, car personne ne peut y arriver.

Il suffit simplement d’être cohérent entre ce que l’on prétend défendre et ce que l’on fait.

Donner du sens c’est aussi répondre aux questions que se posent ses collaborateurs, pour lever les ambiguïtés, les doutes et leur donner une vision claire de la réalité qui se dessine.

Certains managers font le contraire de ce qu’il faudrait faire et évitent les échanges, les questions, les explications qui laissent leurs collaborateurs dans l’incertitude.

Comme l’incertitude a horreur du vide, ce dernier est rapidement comblé par des fausses informations véhiculées par des salariés indélicats ou des syndicats qui profitent de l’opportunité pour développer un discours qui leur est favorable.

Aussi, le manager doit être vigilant sur la place centrale qu’il occupe dans la communication au quotidien. Communication qui lui permet de surfer en permanence sur la ligne qui donne le sens du travail.

Le tabou n’a pas sa place dans les échanges avec les collaborateurs.

Nous voyons que le manager a besoin de bien se connaître, pour pouvoir travailler le sens à donner au quotidien. Il ne peut le faire s’il n’a pas éliminé les freins qui l’enchaînent. Il est à la fois dans le savoir-être et le savoir-faire. Le savoir-être  exige de se mettre sur la même fréquence que son ou ses interlocuteurs, pour le savoir-faire, c’est plutôt le comment je vais expliquer les changements en cours à ceux qui ont un paradigme différent du mien.

Si le manager n’est pas clair avec lui-même, il ne pourra passer les messages qui donnent du sens.

Le développement personnel et professionnel sont au cœur du travail que doit faire le manager pour donner du sens et être en cohérence avec lui-même.

Je vous invite à mettre un commentaire sous l’article et à me poser d’éventuelles questions auxquelles je ne manquerai pas de répondre.

 

Alain MESTRE

2 Commentaires

  1. Alwen septembre 25, 2014 at 8:42 - Répondre

    Thématique fondamentale

  2. Alwen septembre 25, 2014 at 8:44 - Répondre

    Merci pour cet article

Laisser un commentaire