L’éloignement du cœur de métier: un véritable problème

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Dans les entreprises privées, les services publics, les hôpitaux, les cliniques, à tous les niveaux de la hiérarchie, il y a une perte de la compétence métier.

Ce phénomène n’est pas nouveau, mais il s’est accéléré depuis le début de la crise et est consécutif aux réductions de coûts, d’effectifs et à la fragilité des entreprises qui souhaitent avoir une vision instantanée de la santé financière, la performance, la dynamique commerciale, la vision du marché. Beaucoup d’entreprises ont des cellules de veille commerciale qui surveille l’évolution de la concurrence et son positionnement sur le marché.

L’exigence de l’instantanéité des résultats, des communications, des informations, pour les directions a réduit les marges de manœuvre des managers et les a éloignée de leur cœur de métier. Ils doivent être réactifs et obéir aux demandes expresses de leur direction, coûte que coûte. Ils terminent une réunion physique, pour commencer une conférence téléphonique et par la suite réaliser une analyse pour le chef; ensuite un reporting pour la direction, et s’il reste un peu de temps ils pourront peut-être le consacrer à leurs collaborateurs.

Ce rythme imposé aux managers, leur fait perdre leur efficacité car pour beaucoup, ils ne font que répondre aux sollicitations de leur responsable qui a besoin d’être rassuré avec une photographie quotidienne de l’entreprise.

Plus on s’enfonce dans la crise, plus la concurrence est rude, plus les sollicitations de la direction sont prégnantes et plus les managers s’éloignent de leur cœur de métier.

Les salariés se plaignent de ne plus voir leur manager. C’est une situation inconfortable que vit ce dernier, car il se trouve pris entre la pression de ses N+1 qui exigent des résultats rapidement et ses collaborateurs qui lui reprochent de ne pas être présent.

La réactivité imposée aux managers est celle du toujours “oui”, alors que la réponse au stimulus doit être en cohérence avec les objectifs du manager: c’est la proactivité.

Le danger est que le manager devienne le serviteur de directeurs couards, qui paniquent rapidement et ont besoin d’être rassurés en permanence par des reportings.

L’éloignement du cœur de métier fait perdre les compétences du manager, le stresse car il se voit faire tout autre chose que son travail, avec un risque important de se couper de ses collaborateurs et de ne pas atteindre ses objectifs.

Les répercutions de ces directives exigeantes se font sentir au delà du manager et de ses collaborateurs, mais aussi des services contributeurs, des clients ou des patients s’il s’agit d’un service hospitalier.

 

Il y a trois ans, mon beau-père fut hospitalisé dans un hôpital du Gard où malheureusement il décéda au bout d’un mois. J’allai régulièrement le voir et toutes les fois que j’accédai à sa chambre, j’apercevais des personnes en blouses blanches qui étaient affairées sur des ordinateurs portables. J’ai posé la question aux infirmières car je me demandais ce que faisaient ces personnes agglutinées dans une chambre transformée en bureau.

Les infirmières m’ont répondu: ce sont les médecins qui font les reportings de leur activité. J’ai compris là aussi que les médecins qui ont vocation à soigner les patients, passaient plus de temps avec les ordinateurs qu’avec leurs patients.

Ce modèle de management ne peut perdurer, si tel était le cas, il conduirait inexorablement l’entreprise vers de graves difficultés.

Aussi, il faut changer de paradigme de management, remettre l’humain au cœur de l’entreprise et le manager à sa véritable place.

C’est avec ses équipes et non devant son ordinateur portable que le manager va réussir à relever les défis.

Il doit retrouver son leadership à travers l’animation de ses collaborateurs et son rôle d’interface. Pour cela il ne doit pas laisser les autres remplir son agenda et ne pas être le serviteur d’un directeur couard. Il doit pouvoir discerner l’urgent et l’important et ne pas céder à la soit disant culture de l’urgence.

La gestion du temps est la gestion de sa propre personne. Il est seul à pouvoir dire “oui” ou “non” et à savoir ce qui est “urgent” ou “important”.

Je vous propose cette citation pour clôturer l’article:

“La grandeur d’un métier est peut-être avant tout d’unir les hommes: il n’est qu’un luxe véritable et c’est celui des relations humaines.”

A l’intention des managers

Espace de réflexion

  • combien de temps passez-vous à faire du management (si c’est moins de 50%, il y a réellement un problème).
  • votre N+1 vous sollicite-t-il souvent pour faire des analyses, des reportings, etc?
  • faites-vous de la réunionite?
  • vous arrive-t-il souvent d’annuler des activités managériales pour aller au pied levé à des réunions?
  • vos collaborateurs, vous reprochent-ils de ne pas être présent?
  • avez-vous des difficultés à gérer votre temps, votre activité?
  • vous sentez-vous souvent sous pression?
  • arrivez-vous au travail avec une boule au ventre?
  • l’urgent chasse t-il souvent l’important?
  • vous sentez-vous réactif ou proactif?
  • avez-vous le sentiment de transmettre à vos collaborateurs vos inquiétudes?
  • avez-vous l’impression d’avoir le nez dans le guidon?

Si la majorité des réponses est dans l’affirmative, c’est que vous n’exercez plus dans votre  cœur de métier et que l’accumulation des émotions et des préoccupations est la conséquence de votre réactivité.

Mémo

  • Le tout immédiatement éloigne les managers de leur cœur de métier.
  • La culture du tout urgent s’est installé durablement dans les entreprises.
  • Au-delà de l’envahissement psychique du travail, les managers perdent de leurs compétences.
  • L’urgent chasse l’important et fait perdre en efficacité.
  • Le manager devient réactif à tout et se met en pilotage automatique: il réagit au stimulus sans prendre de recul.
  • Le manager passe moins de 50% de son temps sur son cœur de métier.
  • Les collaborateurs souffrent de l’absence de leur manager.
  • Les dirigeants sont dans le tout immédiatement.

 

SuggestionsSi vous passez moins de 50 % de votre temps à faire du management, alors

  • faites la différence entre l’urgent et l’important;
  • cherchez la proactivité et non la réactivité;
  • sachez dire non;
  • ne laissez pas les autres programmer votre emploi du temps à votre place;
  • listez ce qui vous permet de tenir vos objectifs et astreignez-vous à ne pas vous en écarter;
  • regardez toujours ce qui va (le verre en moitié plein);
  • sachez expliquer vos absences à vos collaborateurs;
  • soyez conscient que vous êtes le seul à accepter, refuser, choisir le type de réaction face à un évènement.

Je vous invite à mettre un commentaire sous l’article et à me poser d’éventuelles questions auxquelles je ne manquerai pas de répondre.

                                                                                                                                                                                          Alain MESTRE

2 Commentaires

  1. belkhiri août 13, 2014 at 10:30 - Répondre

    Bonjour;
    Longue vie à ce blog manager humain.
    le sujet en question est fort intéressant, vous avez touché de prés les aléas du management surtout en cette époque de rude concurrence.

    Merci beaucoup .

    Belkhiri

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