Eviter les conflits au travail à travers la compréhension de la carte et du territoire

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 La carte est la manière dont on voit la réalité et le territoire est la réalité.

La carte n’est pas le territoire. Mais que bien vouloir dire cette expression?

Eviter les conflits au travail à travers la carte et le territoire

Beaucoup de managers sont loin de penser que tous les jours dans le travail, et même chez eux, en famille ils décrivent la réalité à travers leur propre carte.

Chacun d’entre-nous, quel que soit son âge, son instruction, son parcours de vie ne dispose que de son propre système de perception et d’interprétation de la réalité.

La réalité est par définition indescriptible.

Déjà à travers ces quelques lignes nous voyons poindre les difficultés à nous comprendre, puisque nous avons chacun notre propre réalité. Il est donc nécessaire lorsqu’on est manager de s’ouvrir à la diversité des cartes de nos collaborateurs. Nous devons prendre conscience que nos mots n’ont pas la même signification pour nos collaborateurs et que chacun voit de manière objective sa propre réalité.

Nous pensons tous avoir raison et surtout que notre carte est bien le territoire. Mais la réalité est différente, car elle ne peut s’expliquer par les mots qui n’en font qu’une interprétation. Aussi, combien de fois disons nous: c’est la réalité, en affirmant sincèrement et avec conviction que nous avons raison, fermant la porte à l’écoute et à l’échange.Chacun d’entre-nous met en route de manière inconsciente son processus de filtrage des stimuli externes et internes afin d’en laisser entrer certains dans le champ de la conscience.

Les mécanismes pour comprendre la carte des collaborateurs

Les spécialistes évaluent à trois les mécanismes qui permettent de construire la carte de chacun d’entre-nous.

  • la sélection,
  • la distorsion,
  • la généralisation.

La sélection

Est un processus que chacun de nous développe involontairement et qui joue le rôle de filtre des stimuli internes et externes permettant ainsi de n’en laisser entrer que certains dans notre champ de conscience.

Elle évite que nos sens soient noyés par des sollicitations importantes de messages et signaux venant de tous bords.

Parmi les messages qui ne passent pas, certains peuvent être précieux, et nous auraient probablement apporté des précisions nécessaires pour voir le territoire avec plus de justesse.

La distorsion

Ce processus comme son nom l’indique ne laisse pas passer à l’émission ou à la réception le message dans sa pureté.

Aussi, dans la communication que nous avons au quotidien avec nos collaborateurs ou nos supérieurs, la distorsion émetteur et récepteur ne facilite pas la compréhension de nos messages.

La carte que je décris en expliquant à mon collaborateur ce que je veux lui dire, est mon interprétation, et de son côté il la décrypte avec un filtre, déformant ce que je lui transmets. Il a sa propre carte qui est différente de la mienne.

L’émetteur du message génère involontairement trois types de distorsions:

Le verbal

C’est la façon dont on s’exprime, les mots et ce que l’on dit, le débit et l’intonation de la voie…

Le langage corporel

C’est celui du corps, de la gestuelle, du visage, de l’énergie que l’on dégage. Il représente un poids important dans l’émission du message. Cependant, qui est conscient de sa gestuelle, de sa posture, de son regard lorsqu’il communique avec quelqu’un? Personne,  parce que nous fonctionnons en pilotage automatique.

Les angles morts

Chacun d’entre-nous a des angles morts, bien souvent nous les ignorons et donc n’engageons pas de travail pour les supprimer.

Ils sont très souvent détectés par nos collaborateurs ou notre entourage. Nous les transmettons par notre langage corporel, notre manière de parler et quelques fois des proches nous en font les remarques.

N’avez-vous pas constaté que votre responsable ou votre collaborateur dans certaines circonstances répète des mouvements, croise les pieds, ouvre les mains la pomme vers le haut ou termine ses phrases par bon, hum, du coup…

Chacun a ses propres angles morts, sources de messages inconscient.

Le récepteur a lui aussi des filtres déformants qui provoquent la distorsion du message reçu. Il est déformé par des interprétations, des sentiments, des opinions, des préoccupations, des confusions…

 

La généralisation

Nous connaissons tous les erreurs et les dangers de la généralisation, et pourtant nous la pratiquons au quotidien, bien que nous la condamnions nous-mêmes.

Elle consiste à étendre à une catégorie entière une situation qui s’est produite quelques fois.

Elle consiste à prédire avec une marge d’erreur importante des situations à venir.

Nous avons entendu ou dit: il arrive tous les jours en retard, il fume tout le temps, il est toujours dans la critique…, nous pourrions en trouver bien d’autres qui sont le signe de la généralisation.

Aussi, il faut être prudent, car la généralisation de certaines choses peut-être utile, voire bénéfique. Tout comportement utile peut être généralisé, mais à contrario un comportement nuisible ne doit pas l’être.

Comment se construit notre propre carte de notre réalité ?

Trois filtres semblent déterminer notre carte que nous estimons avec sincérité et ignorance être la réalité.

Réalité qui est source d’incompréhension, de conflit, car notre interlocuteur a de manière tout aussi objective que nous sa propre réalité.

Le premier des filtres est génétique.

Nos sens, notre système nerveux, notre cerveau structurent notre vision du monde, des choses, des gens. La réalité telle que nous la percevons est une création humaine, différente entre nous, mais aussi entre les espèces.

Le second filtre est culturel.

C’est l’empreinte de nos parents, de notre éducation, de nos relations, de notre culture, qui ont façonné nos croyances, nos valeurs. Notre appartenance à un peuple et à une entreprise peut aussi nous donner une culture qui nous offre une vision particulière du monde.

Je ne suis pas certain que la vision du monde de l’entreprise soit la même chez “ESSILOR”, “IBM”, “EDF”, “TOYOTA” ou “FORD”.

Le troisième filtre est personnel.

Chacun à le sien, bâti sur sa propre histoire, sa constitution physique, ses sens, ses apprentissages, son éducation, ses relations, son appartenance ou non à un groupe influent.

C’est ce qui fait que nous voyons les choses de manière particulière et différente de nos collaborateurs dans le travail, comme de nos amis ou de notre famille dans la vie.

Ces différences sont bien souvent des sources d’incompréhension, qui dégénèrent en  conflits parce que nous ignorons la différence entre nos propres cartes et le territoire.

Le territoire ne peut se décrire par la lecture de notre propre carte, car lui seul est la réalité. Nous les managers, nos supérieurs, nos collaborateurs, faisons que traduire à travers la sélection, la distorsion, le généralisation et nos filtres génétique, culturel et personnel notre propre réalité.

Nous devons être humble, à l’écoute de l’autre afin de nous ouvrir à la diversité des cartes de nos collaborateurs et plus largement du monde.

Il est tout aussi important de prendre conscience que les mots n’ont pas la même signification pour chacun d’entre-nous et que la communication est une approximation de la réalité.

Chacun a sa propre réalité, aussi la confrontation des différentes visions et la tolérance, forment un rempart contre les conflits relationnels, issus de la confusion que nous faisons entre la carte et du territoire.

Aucune carte a raison, seul le territoire est la réalité.

Je vous invite à mettre un commentaire sous l’article et à me poser d’éventuelles questions auxquelles je ne manquerai pas de répondre.

Alain MESTRE

De | 2018-03-13T18:55:30+00:00 février 19th, 2014|Communication, Efficacité managériale|6 commentaires

6 Commentaires

  1. Le LOUETTE février 20, 2014 at 8:52 - Répondre

    Bonjour Alain,
    Je trouve votre article très intéressant. L’image de la carte et du territoire est très représentative.
    Je suis un ancien manager opérationnel et un ancien DRH, et je confirme votre propos, 80% des conflits ont pour source ; l’incompréhension des uns et des autres. A la fois très simple à dire et tellement compliqué. Pour ma part, je trouve qu’il s’agit d’un chantier de base et fondamental pour accéder à :
    – un travail en collaboratif
    – de la performance
    – de la reconnaissance….
    Autant de beaux concepts RH qui sans l’acceptation des différences, n’ont aucune chance d’aboutir.
    J’espère pouvoir poursuivre cet échange avec vous, car il est passionnant.

    • Alain Mestre février 20, 2014 at 5:00 - Répondre

      Merci pour l’intérêt que vous portez à mon blog et aux articles que j’écris.
      Nous aurons l’occasion de poursuivre nos échanges sur le management et ses pratiques.

      Cordialement,

      Alain

  2. guigon jean marie février 21, 2014 at 1:59 - Répondre

    Merci Alain de ce passage très révélateur de notre comportement .
    en entreprise bien sûr, mais aussi et peut-être encore davantage dans la vie de tous les jours ( phénomène porté à son maximum lorsque l’on est retraité) .
    serions nous la seule espèce à avoir des difficultés de communication ?
    et pourtant la véritable richesse vient bien de ce que l’autre nous apporte, de sa différence…encore faut-il apprendre à écouter, et si possible à discerner.

    merci encore à bientôt

    • Alain Mestre février 21, 2014 at 3:59 - Répondre

      Jean-Marie,

      je suis contant que tu mettes des commentaires, car ils sont toujours pleins de bon sens et de sagesse. En effet j’ai souhaité écrire cet article car il est important dans l’entreprise, mais aussi dans la vie de tous les jours. Il explique et permet de comprendre que la différence est normale, qu’elle est une source de progrès, de dialogue et non de conflit. Que la généralisation est dangereuse, et pourtant est elle utilisée régulièrement.
      Je souhaite qu’il permette à certains de prendre le recul nécessaire pour comprendre cette différence fondamentale entre notre propre carte (vision de la chose, de la personne, du monde…) et le territoire qui en est la réalité!

      Encore merci et à bientôt,

      Alain

  3. Catherine mars 4, 2014 at 10:31 - Répondre

    Bonjour Alain,
    Je trouve votre blog très intéressant.
    Concernant les conflits, j’ai toujours été effarée de constater le temps qui leur est dédié, au détriment d’un travail productif.
    J’ai également constaté qu’ils n’existent qu’en interne. J’ai régulièrement traité des litiges avec des clients, des fournisseurs, des transporteurs. Mais il n’y avait pas de conflit ; probablement parce qu’il s’agit, dans ce cas, de deux professionnels qui communiquent professionnellement pour trouver une solution raisonnable et satisfaisante pour les deux parties. Probablement également parce que les objectifs et les attentes sont clairement définis. C’est très simple et très sain.
    Mais essayer de régler un problème en interne avec un autre service ou un collègue dégénère rapidement en conflit larvé et esprits qui s’enflamment : problème d’ego, de frustration, de territoire dans l’entreprise, etc.
    Je pense qu’il ne faut pas trop essayer de comprendre, sinon il y a un fort risque d’enlisement. En revanche, apporter du professionnalisme dans les relations internes, définir des règles claires et se recentrer sur des objectifs concrets, réfléchis et raisonnables éviterait bien des conflits.
    Encore faut-il que les Directions donnent le ton et jouent leur rôle. Je me souviens d’un entretien de recrutement avec un chef d’entreprise il y a quelques années : “Ici, nous ne cherchons pas des chevaux de course, mais des chevaux de trait” ; inutile de vous dire que je n’ai pas donné suite … Bien cordialement, Catherine

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