Le manager, le bon stress et le mauvais

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Le stress est connu de tous les managers. Certains y trouvent un stimulant et ont besoin d’une petite “dose” d’adrénaline pour se sentir biens et performants. Si l’adrénaline baisse, ils le sentent rapidement et vont chercher comment faire monter cette dernière. Les neuroscientifiques montrent que le stress peut renforcer certaines capacités cognitives, notamment la mémoire, à condition qu’il survienne au bon moment. Malheureusement ce n’est pas si simple que ça dans le monde du travail, et il faut être un manager expérimenté pour agir au bon moment et au bon endroit, afin de déclencher une montée d’adrénaline bénéfique.

Se rajoute à cette difficulté, notre propre singularité qui fait de nous des êtres uniques, différents dans nos perceptions et nos agissements…

Chacun de nous peut se remémorer des évènements chargés émotionnellement, que nous avons vécu, qu’ils soient associés à un stress positif ou négatif.

Qu’il s’agisse d’une annonce de promotion, d’une fête consécutive à des résultats, les félicitations du manager ou une réprimande injustifiée, une altercation avec un collaborateur…

Nous voyons bien qu’il est possible et même judicieux de dire et faire certaines choses aux bons moments, mais cette pratique demande des compétences aiguisées de la part du manager.

Ce stress, difficile à maîtriser et à réguler est celui qui nous apporte l’adrénaline comme carburant indispensable. Nous en avons besoin et il nous conditionne pour faire de l’avant, donner l’envie, la motivation… Mais nous sommes des managers et, quelquefois nous nous laissons envahir par cette montée d’adrénaline. Elle devient dangereuse par excès du stress, avec ses effets négatifs et les risques que cela peut occasionner sur notre propre santé, mais aussi, sur notre environnement professionnel et familial.

Comme dans beaucoup de domaine, le trop ou le trop peu doivent faire l’objet d’un travail sur soi afin d’éviter de franchir ses limites qui conduisent dans l’excès pour le trop et à la paresse pour le trop peu.

Ce travail qui sert à réguler notre ardeur s’appelle la tempérance et, le manager doit bien la travailler car elle lui permet de tenir le cap.

 

Pour Mathias Schmidt biologiste à l’institut Max Planck de psychiatrie à Munich, la pression psychologique peut renforcer  l’attention, améliorer la mémoire, et stimuler les capacités d’apprentissage. Mais un excès de stress risque d’avoir les effets inverses.

 

C’est pour cette raison que les managers sentent qu’il peut y avoir un bon stress, qu’ils n’en connaissent pas toujours les origines car ils ne sont ni psychiatre, ni psychologue.

La quantité  de travail que doit réaliser un manager est bien souvent supérieure à sa capacité de production. Tout est urgent et doit être fait rapidement et bien. Les dirigeants et les managers sont devenus toujours plus exigeants, et demandent bien souvent  à leurs collaborateurs de fournir plus qu’ils ne peuvent.

L’équation  production demandée (P) et  capacité de production (CP) de l’intéressé n’est plus à l’équilibre [Production demandée > La capacité de production de l’intéressé] et là, les choses se compliquent, car il devient obnubilé au point  de se concentrer uniquement sur ses soucis et de devenir encore moins efficace.

Ce que les chercheurs ont démontré, et que nous les managers nous avons pu constater sur le terrain, c’est qu’un stress de courte durée stimule et un stress qui se prolonge est toujours délétère.

Le manager doit être le sentinelle bienveillant qui surveille en permanence son état de stress et celui de ses collaborateurs. Il doit veiller à ne pas se  générer lui même du stress, alors que bien souvent il s’en ajoute par un pilotage automatique.

Le travail en parallèle:

Le travail en parallèle est un exemple flagrant du pilotage automatique et de l’auto-génération de stress provoquée par beaucoup de managers sans qu’ils en prennent conscience.

En voici un exemple: Un manager reçoit un de ses collaborateurs pour un entretien de pilotage. Son ordinateur est ouvert sur le compte rendu qu’il réalise en direct avec son collaborateur. En même temps il scrute ses e-mails afin de détecter s’il n’y a pas d’urgence. Le téléphone sonne, il décroche et répond, quelqu’un frappe à la porte il lui dit d’entrer.

Il exécute quatre tâches en même temps, se génère du stress qui va s’ajouter à celui qu’il avait déjà, ne respecte pas son collaborateur, perd en efficacité.

Vous connaissez bien ce phénomène car je suis certain que vous le rencontrez régulièrement.

Se rajoutent à ces phénomènes d’autres facteurs générateurs de stress, comme la pression des résultats, les nombreuses réunions, les flux toujours plus importants des e-mails, les comportements toxiques de certains responsables, la frustration de ne pouvoir être avec ses équipes sur le terrain…

Dans le prochain article, je donnerai quelques conseils pour éviter de s’épuiser mentalement: La différence entre l’urgent et l’important, le pilotage automatique, savoir dire non…

 

(Je vous invite à mettre un commentaire au bas de l’article)

Alain MESTRE

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