la carte n'est pas le territoire2

Dans le monde du travail, comme dans celui de la vie de tous les jours, nous avons chacun d’entre-nous une vision différente de la réalité. Cette description de la réalité nous appartient; elle s’appelle la carte et diffère de la réalité qui s’appelle le territoire.

Nous avons tous des cartes de lecture de la réalité qui sont différentes. La carte est aussi appelée « paradigme » qui signifie la manière dont nous voyons les choses, le monde…La notion de paradigme est désormais très utilisée en management, dans les entreprises. Les exemples sont nombreux dans l’expérience professionnelle de chacun. Lorsqu’une entreprise amorce un changement,  il est bien souvent vécu de manières différentes par les salariés. Chacun à son paradigme du changement, sa façon de le voir, de l’accepter, de le refuser. Notre façon de percevoir la réalité peut nous induire en erreur, nous conduire à des affirmations sincères, objectives, mais contestables par d’autres qui voient la réalité avec leur propre carte et de manière tout autant objective.

Tout se passe comme si chacun de nous voyait une image différente de cette même réalité qui est le territoire.

Le processus de fonctionnement, qui nous amène à une vision d’une organisation, d’une personne, d’un changement…met en jeu les différentes cartes que nous avons chacun d’entre-nous et que nous appelons pour chacune d’elles la réalité. Ceci est une grave erreur, car il s’agit de notre interprétation de la réalité à travers nos propres cartes. Cette manière de penser, de réfléchir et d’agir, émane de nos paradigmes, construits par notre éducation, notre parcours scolaire, professionnel, notre environnement familial, d’amis, etc. Nous ne voyons pas le monde tel qu’il est, mais tel que nous sommes conditionnés à le voir.

Nos paradigmes se construisent au fil de notre vie et des événements auxquels nous sommes soumis.

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Là est le danger, car dans le cadre du travail, on juge une personne, on manage une  équipe, une entreprise avec notre propre vision des choses, qui est bien souvent en décalage avec celle de nos collaborateurs.

Il y a quelques années, j’ai compris pourquoi je n’arrivais pas à faire progresser certaines personnes, voire des équipes.

En fait, notre vision du monde induit notre comportement.

Cette phrase à elle seule donne les réponses à toutes les questions que nous nous sommes posées dans notre carrière professionnelle, mais aussi dans notre vie personnelle. Les mêmes erreurs que nous avons commises avec nos enfants, nous les répétons bien souvent avec nos collaborateurs, car nous utilisons les mêmes cartes, avec la certitude que nous avons raison. Chaque être humain a ses propres lunettes pour regarder le monde. Bien entendu, il ne s’agit pas des lunettes que nous portons pour améliorer la vue, mais des filtres que nous avons et que les scientifiques nomment des lunettes, pour faciliter notre compréhension.

Je réalisai à quel point nous étions enchaînés par nos perceptions, qui nous empêchaient de progresser et de faire progresser nos collaborateurs. Je reçus cet éclairage comme une révélation, un bien-être, qui enfin me montrait le véritable chemin qu’il fallait suivre. Je compris qu’il me fallait me remettre en cause et réaliser un travail sur moi, afin de mieux observer et comprendre mes filtres, tout autant que ceux de mes collaborateurs, de mes amis, de ma famille.

Ce changement est au cœur de notre développement personnel et professionnel; il est méconnu de beaucoup de managers, chefs d’entreprises, parents. Certains le connaissent, mais ne le mettent pas en application, car ils ont la certitude d’avoir les bonnes lunettes. Pour changer des situations extérieures comme dans le travail ou vis-à-vis de nos enfants, nos amis, nous devons commencer par observer et modifier nos modes de perception.

Nous ne voyons pas le monde tel qu’il est, mais tel que nous sommes conditionnés à le voir.

Nous sommes ce que nous pensons, faisons, communiquons.

Ce fonctionnement est une des raisons de notre incompréhension dans le monde du travail comme dans notre vie extra professionnelle, du refus d’accepter la différence, d’admettre qu’il y a peut-être une autre manière de voir et d’aborder les choses.

Croire que notre carte est le territoire, c’est croire que nous détenons la vérité. Cette vision du monde, des choses à travers nos propres cartes, nous conduit à nous égarer et à ne jamais atteindre le but que nous nous sommes fixé.

Je vous invite à mettre un commentaire sous l’article et à me poser d’éventuelles questions auxquelles je ne manquerai pas de répondre.

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Alain MESTRE

2 Commentaires

  1. Yves mars 7, 2016 at 5:27 - Répondre

    Très intéressant. Encore une fois c’est l’environnement de l’homme qui le façonne. Pour un manager, c’est très utile de mâitriser le sujet et d’en tirer le meilleur pour son entreprise. Je me demande juste si on pouvait quand même manipuler cette vision du monde, pour les adolescent par exemple, peut-on créer leur monde pour façon leur ‘carte’ et leur préparer pour un avenir assez précis et défini? . Merci pour cette article.

    • Alain Mestre mars 7, 2016 at 6:55 - Répondre

      Bonjour Yves, il ne s’agit pas de manipuler un enfant, ou une autre personne, mais c’est surtout pour comprendre sa vision des choses, ne pas vouloir lui imposer la notre et l’aider à se construire tout en lui expliquant les dangers qu’il y a de penser de telle ou telle façon. Il en est de même dans le travail, la stratégie des parents ou des managers est la même: se connaître, comprendre sa manière de penser et d’agir, éviter de la projeter sur les autres et aider ceux que l’on accompagne à développer leur potentiel et à grandir en prenant conscience de ce qu’ils sont capables de faire.
      Merci pour votre commentaire

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