La tempérance comme régulateur vertueux

La tempérance est reconnue comme une vertu par les philosophes, mais pour les managers elle est une qualité qui fait office de régulateur des valeurs, et permet d’appliquer ces valeurs ni par excès, ni par défaut.

Elle est directement liée au caractère des gens et, les managers n’échappent pas à cette règle. Certains sont nés avec une propension à l’excès et, auront tendance à tout faire par excès, ce qui peut déstabiliser les relations, et aller jusqu’au manque de respect.

Le manager (A) qui réagit par excès est dans le “trop”. Il fera une remarque “explosive” à son collaborateur qui arrive en retard une seule fois, fera des remontrances à chaud en réaction à ses émotions. Il n’arrivera pas à se contrôlé: il est intempérant.

La tempérance

Á l’opposé, il y a le manager (B) “laxiste” ou peureux, celui qui est proche du “trop peu”. L’un et l’autre, pour des raisons bien différentes ne réagissent pas convenablement à des évènements, des circonstances, des personnes…

Il y a ceux qui sont pondérés, qui disent et font les choses mais toujours avec modération, après réflexion. Ces managers sont bien souvent des proactifs sans le savoir, ils ont la chance d’avoir cette qualité inscrite dans leurs gènes.

Les autres managers comme moi, comprennent à leurs dépens qu’ils n’ont pas choisi d’être dans le trop et, que seul un travail sur eux permettra de ramener le curseur de la tempérance, sur une position médiane qui favorisera les relations, le management.

Ce travail vous pouvez le faire, comme moi je l’ai fait depuis une douzaine d’années. Pour engager cette démarche, il vous faut utiliser deux dons que possèdent les êtres humains: la conscience de soi et la volonté indépendante. Nous les avons tous, mais bien souvent, comme nous fonctionnons en pilotage automatique, nous ne les utilisons pas.

Si vous n’avez pas choisi d’être comme moi dans le trop, dès que vous allez commencer ce travail, par la prise de conscience de ce que vous êtes et la volonté indépendante de parvenir à votre objectif, vous allez sentir des changements intérieurs et extérieurs. Le stress va baisser, les collaborateurs vous écouteront davantage et auront envie de vous suivre dans vos projets.

Votre travail vous pouvez le débuter tout de suite, à la lecture de ces lignes. Dans tous les cas où vous allez réagir dans le trop:  freinez vos ardeurs. Si c’est par exemple quelqu’un qui vous prend à partie, ne réagissez pas, écoutez le attentivement, sans penser à la réponse. Il va être déstabilisé et se demander ce qui se passe. Prenez le temps de répondre, réfléchissez, car c’est vous qui décidez du choix et du moment de la réponse. Je suis certain que jusqu’à ce jour, c’est lui qui fixait le tempo de votre réponse. Lorsque vous réagissiez suite à vos émotions, ce n’est pas vous qui décidiez, mais c’est lui.

Désormais, vous avez en votre possession un régulateur formidable: la tempérance, qui si vous savez l’utiliser, vous aidera à ne pas franchir les limites du trop ou du trop peu.

A l’intention des managers et des collaborateurs

Espace de réflexion

  • Vous n’avez peut-être jamais utilisé le mot “tempérance” et pourtant il est un régulateur de caractère de premier niveau.Est-ce que vous êtes plutôt dans le “trop” ou le “trop peu”?
  • Quelle que soit la réponse, que faites-vous pour vous améliorer?
  • Avez-vous déjà vécu les conséquences d’un trop ou d’un trop peu d’excès?
  • Que ressentez-vous lorsque vous en prenez conscience?
  • Avez-vous déjà songé à travailler la tempérance?
  • Si vous identifiez un de vos responsables intempérants, analysez ce qui se passe lorsqu’il franchit la ligne jaune. Comment évoluent vos relations avec lui par la suite?

 

Memo

  • La tempérance est une vertu pour les philosophes, mais pour les managers, elle est une valeur qui fait office de régulateur et, empêche de franchir les limites du “trop” et du “trop peu”.
  • Le comportement excessif ou laxiste est la marque de fabrique du caractère de la personne; elle est inscrite dans les gènes.
  • La conscience de soi et la volonté indépendante sont deux dons que possèdent les êtres humains et qui leur servent à actionner le régulateur qui est la tempérance.
  • La tempérance agit de l’intérieur vers l’extérieur.Suggestions

Dessinez un graphique comme celui-ci et positionnez dessus vos coups d’éclats ou d’insuffisances, comme l’exemple ci-dessous.

La tempérance 2

Vous positionnerez vos coups de colère, vos comportements laxistes sur le graphique et vous engagerez un travail pour les rapprocher de la médiane.

Je vous invite à mettre un commentaire sous l’article et à me poser d’éventuelles questions auxquelles je ne manquerai pas de répondre.

Alain MESTRE

6 Commentaires

  1. MESTRE Jean-François mars 16, 2014 at 10:55 - Répondre

    Excellente analyse de la problématique du manager !
    Les profils de nos collaborateurs sont tellement différents que nous devons aussi en tenir compte.

    • Alain Mestre mars 16, 2014 at 8:24 - Répondre

      Merci Jean-François pour votre commentaire.

      Comme vous le dites nous sommes tous différents, c’est à la fois une richesse et un handicap, car il faut travailler nos points perfectibles, afin d’améliorer nos relations avec nos collaborateurs.
      Nous ne sommes pas tous tempérant, et bien souvent nous transportons avec nous le caractère irascible de notre grand-père ou de notre grand-mère. Si nous ne faisons rien, les dégâts peuvent être considérables.

      Cordialement, ALAIN

  2. Sébastien mars 18, 2014 at 11:53 - Répondre

    Ce travail est je pense d’autant plus important qu’il n’est pas toujours facile de faire la distinction entre l’attitude juste du manager, celle qui porte ses fruits, et celle qui “passe bien” au sein de la structure où l’on travaille. Ex : manager “gros bras” dans un service logistique x, manager “copain” dans une structure administrative y…
    Cordialement
    Sébastien

    • Alain Mestre mars 18, 2014 at 8:22 - Répondre

      Bonjour Sébastien et merci pour votre commentaire qui va me permettre de donner des précisions.

      La tempérance comme régulateur vertueux doit s’appliquer dans la relation que nous avons avec les autre:au travail et même en dehors. En réalité comme vous l’avez compris, nous sommes déjà formatés à la naissance et, notre caractère est pour partie inscrit dans nos gènes, mais il dépend aussi de notre éducation, de nos relations…
      Ce qui est important est de se connaître soi-même afin d’éviter des comportements excessifs dans “le trop” ou “le trop peu”. Tous les managers devraient faire un travail sur eux afin de se connaître et par la suite connaître leurs collaborateurs.
      Si ce travail n’est pas fait, l’être humain, manager, chef d’entreprise, avocat, médecin…, ne pourra pas optimiser son potentiel et maximiser les relations avec les autres.

      Cordialement, Alain

  3. Catherine Blondeau avril 6, 2014 at 1:27 - Répondre

    Bonjour Alain et Sébastien,
    Je suis d’accord avec les différents points de vues. Néanmoins, Sébastien soulève un point important dans le management : comment être “juste” (et donc efficace et productif) sans se mettre à dos les collaborateurs.
    Effectivement, selon les cas, il y a une “attitude attendue du manager”, qui est certainement ancrée dans les esprits et basée sur des a priori : effectivement, dans un service logistique ou sur une chaîne de prod, le style de management attendu (et accepté de fait) est plutôt “viril, voire un peu rude”. Et oui, dans les services administratifs, un management plus “copains”, voire même laxiste quelquefois, est souvent admis, même au détriment de l’efficacité. Peut-être parce que la quantification des résultats y est plus difficile à estimer.

    Mais, au-delà du formatage de notre éducation, dont il faut savoir s’affranchir pour pouvoir comprendre les autres, il me paraît important de rappeler qu’un manager a rarement le loisir de constituer sa propre équipe ; en général, il hérite d’une équipe existante et pas toujours adaptée, et qui est, de plus, marquée par le management précédent : si de mauvaises habitudes ont été prises, elles seront d’autant plus difficiles à redresser dans un objectif d’efficacité. Il y a un risque d’opposition en bloc.

    Je suis d’accord que la tempérance et la patience sont alors indispensables pour mener correctement à bien les changements, mais également la fermeté et la rigueur .

    Bien cordialement,
    Catherine

    • Alain Mestre avril 16, 2014 at 4:48 - Répondre

      Bonjour et merci pour votre commentaire,

      Votre remarque sur le fait d’être juste avec tout le monde, me permet de réagir à ce souhait de beaucoup de managers et du personnel.
      Avant de chercher à être juste avec son personnel, il est nécessaire de bien connaître ceux avec qui on travaille afin d’appréhender ce qu’ils entendent par justice et ce que vous vous mettez derrière le mot “justice”.
      Je ne répéterai jamais assez que la connaissance de soit et des autres est la première des choses à faire en management: Connaître pour reconnaître au sens de la reconnaissance.
      Chacun n’attend pas la même chose de la justice:
      – pour certains, c’est l’avancement à l’ancienneté, qui a fait ses preuves et montré qu’il était source d’injustice car il ne tenait pas compte de l’investissement de la personne, ni de sa performance, ni de son efficacité…
      – pour d’autres c’est la performance, le quantitatif sans tenir compte de la qualité…
      – enfin il y en a qui s’attachent qu’à la qualité etc..
      Je pourrais continuer cette description des attendus, ce qui prouve qu’avant de parler de justice, il faut savoir qu’est-ce qui dans le travail permet de récompenser justement un salarié.
      En ce qui concerne le fait que le manager n’a pas choisi son équipe, c’est là qu’on voit s’il est un bon manager, car manager c’est le faire avec les bons comme les moins bons et le challenge c’est de les faire travailler tous en synergie et de trouver les leviers de progrès de chacun.
      C’est possible, les outils existent “l’ennéagramme” en est un, mais il faut choisir un formateur qui a pratiqué l’ennéagramme et a surtout une bonne expérience managériale.

      Cordialement, Alain

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